Publié le 18 avril 2024

Contrairement à la croyance populaire, la clé pour s’enrichir avec un triplex à Montréal n’est pas de « vivre gratuitement », mais d’accepter une petite perte mensuelle planifiée.

  • Un cashflow négatif contrôlé se transforme souvent en un gain fiscal et une capitalisation supérieurs à un petit surplus mensuel.
  • La diligence raisonnable sur les aspects techniques (fondations, drains) et légaux (TAL) est plus déterminante pour le succès que la chasse au cashflow positif.

Recommandation : Cessez de chercher l’immeuble « parfait » qui génère 50 $ par mois. Concentrez-vous plutôt sur l’acquisition d’un actif de qualité et sur l’optimisation de sa rentabilité globale à long terme.

Le rêve est puissant. Vous, jeune investisseur ambitieux, imaginez la scène : propriétaire d’un triplex dans un quartier vibrant de Montréal, les loyers de vos deux locataires couvrent entièrement votre hypothèque. Vous vivez, en apparence, « gratuitement ». C’est la promesse dorée de l’investissement immobilier, le fameux propriétaire occupant. On vous a certainement dit que la clé était de trouver un immeuble avec un « cashflow positif », même minime. On vous a parlé de l’importance de la mise de fonds de 10% pour un plex occupé par son propriétaire, une règle d’or au Canada.

Pourtant, en tant que coach en investissement immobilier, je vous le dis : cette quête du cashflow positif immédiat est l’erreur stratégique que commettent 90% des débutants. Elle les pousse à acheter des propriétés de moindre qualité ou dans des secteurs moins porteurs, simplement pour que les chiffres « fonctionnent » sur papier le premier mois. Et si la véritable clé n’était pas d’être à +50 $/mois, mais d’accepter intelligemment d’être à -200 $/mois ?

Cet article va déconstruire le mythe du « vivre gratuitement » pour le remplacer par une approche mathématique, pragmatique et bien plus lucrative à long terme. Nous allons analyser la rentabilité globale, qui inclut la capitalisation, l’appréciation et, surtout, les puissants leviers fiscaux que les investisseurs avertis utilisent. Préparez votre calculatrice, car nous allons transformer votre perspective sur ce qui constitue un « bon » investissement locatif à Montréal.

Pour vous guider dans cette démarche stratégique, cet article est structuré pour aborder les calculs, les pièges et les règles incontournables. Vous découvrirez pourquoi une perte calculée peut être un gain, comment sécuriser vos revenus et comment évaluer les risques réels d’un bâtiment.

Acheter ou Louer à Montréal : quel choix est le plus rentable avec les taux d’intérêt actuels ?

La première question que tout aspirant investisseur se pose est fondamentale : avec les taux d’intérêt actuels et les prix de l’immobilier à Montréal, est-il encore mathématiquement judicieux d’acheter plutôt que de louer ? La réponse courte est oui, mais pas pour les raisons que l’on imagine. Oubliez la comparaison simpliste du loyer mensuel face au paiement hypothécaire. Le vrai calcul est celui de la création de patrimoine.

Lorsque vous êtes locataire, 100% de votre loyer est une dépense. Lorsque vous êtes propriétaire occupant d’un triplex, une partie significative de votre paiement mensuel (le capital) se transforme en équité. C’est de l’épargne forcée. De plus, les loyers de vos locataires accélèrent massivement ce processus. Faisons le calcul. Louer un 5 ½ décent dans un quartier comme Rosemont vous coûtera environ 1 800 $ par mois. Acheter un triplex dans le même secteur pourrait représenter un coût net de 2 400 $ après avoir perçu les revenus des deux autres logements. La différence de 600 $ semble être une perte. Mais durant ce même mois, vous aurez peut-être remboursé 1 500 $ de capital sur votre hypothèque. Votre gain net réel est donc de 900 $ (1500$ – 600$), sans même compter l’appréciation potentielle de l’immeuble.

Ce tableau simple met en perspective les deux scénarios d’un point de vue purement mensuel, mais n’oubliez pas le long terme.

Comparaison mensuelle : Louer vs Acheter un triplex à Rosemont
Scénario Coût mensuel Avantages Inconvénients
Location 5½ 1 800 $ Flexibilité, pas d’entretien Aucune équité construite
Achat triplex (932,735 $) 2 400 $ net après revenus locatifs Équité, déductions fiscales Responsabilités, moins de liquidité

L’impact du coût d’opportunité sur la mise de fonds

Une analyse complète doit inclure le coût d’opportunité. Une mise de fonds de 20% sur un triplex à 932 735 $, soit 186 547 $, est une somme considérable. Placée sur les marchés boursiers, elle pourrait générer un rendement annuel. Cependant, des calculs détaillés montrent que, dans la majorité des scénarios montréalais actuels, l’effet de levier de l’immobilier (où vous contrôlez un actif de près d’un million avec moins de 200 000 $) et la combinaison de la capitalisation et des avantages fiscaux rendent l’achat plus avantageux après un horizon de 5 à 7 ans.

Cette décision initiale entre achat et location est la pierre angulaire de votre stratégie patrimoniale. Pour bien l’ancrer, il est utile de revoir les termes de ce calcul de rentabilité fondamentale.

Cashflow positif ou négatif : pourquoi accepter de perdre 200 $/mois peut être un bon calcul fiscal ?

Voici le concept le plus contre-intuitif et le plus important pour un investisseur débutant : viser un cashflow négatif contrôlé est souvent une stratégie plus intelligente que de chasser un cashflow positif à tout prix. Pourquoi ? Parce que le cashflow n’est qu’une petite partie de l’équation de la rentabilité globale. À Montréal, dans les quartiers les plus recherchés, les prix sont tels que le cashflow positif est quasi inexistant pour un nouvel acheteur. D’ailleurs, selon les analyses d’Immobilier Lucratif, le cashflow moyen se situe souvent entre 50 $ et 75 $ par porte pour des immeubles optimisés, un chiffre difficile à atteindre au départ.

Accepter une perte mensuelle de, disons, 200 $ (votre « coût de portage négatif ») vous ouvre la porte à des immeubles de meilleure qualité, dans des secteurs avec une forte appréciation. Mais le véritable gain est fiscal. Cette perte de 200 $/mois, soit 2 400 $/an, est une perte locative déductible de vos autres revenus. Si vous êtes dans une tranche d’imposition de 40%, cela représente un remboursement d’impôt de 960 $ (2400 $ x 40%). Votre perte réelle n’est donc plus que de 1 440 $ par an, soit 120 $ par mois. Pendant ce temps, vous avez remboursé du capital et votre immeuble a potentiellement pris de la valeur. Le jeu en vaut la chandelle.

Le tableau suivant illustre comment le prix des triplex dans différents arrondissements influence directement la stratégie à adopter.

Prix médians des triplex par arrondissement montréalais 2024
Arrondissement Prix médian triplex 2024 Stratégie recommandée
Plateau Mont-Royal 1 118 656 $ Appréciation forte
Rosemont La Petite-Patrie 932 735 $ Équilibre cashflow/appréciation
Hochelaga-Maisonneuve 788 754 $ Cashflow positif potentiel

Comme le montre une analyse comparative récente, viser un cashflow positif vous pousse vers Hochelaga, tandis qu’accepter un cashflow négatif vous donne accès à l’énorme potentiel d’appréciation du Plateau. C’est un arbitrage stratégique.

Dépense courante ou en capital : comment déduire vos travaux de toiture pour payer moins d’impôts ?

La gestion fiscale de votre triplex est un puissant levier de rentabilité. Une des notions les plus cruciales à maîtriser est la différence entre une dépense courante et une dépense en capital. Cette distinction peut avoir un impact de plusieurs milliers de dollars sur votre cashflow annuel. Une dépense courante (une réparation) est déductible à 100% de vos revenus locatifs dans l’année en cours. Une dépense en capital (une amélioration) doit être « capitalisée », c’est-à-dire ajoutée au coût de l’immeuble et amortie sur plusieurs décennies.

Prenons l’exemple d’une toiture qui nécessite des travaux estimés à 20 000 $. Si vous effectuez une réparation (ex: remplacer une section de bardeaux), ces 20 000 $ sont une dépense courante. Vous pouvez les déduire entièrement cette année, créant une « perte » locative qui réduira vos impôts sur vos autres revenus. Si vous remplacez la toiture par une nouvelle de qualité supérieure, il s’agit d’une dépense en capital. Vous ne pourrez déduire qu’un petit pourcentage (ex: 4% du solde, soit 800 $ la première année). La nuance est énorme.

L’enjeu est donc de pouvoir justifier légalement une dépense comme étant courante. Le critère de l’Agence du Revenu du Canada (ARC) est simple : une dépense courante ramène le bien à son état d’origine, tandis qu’une dépense en capital apporte une amélioration durable. Le tableau suivant illustre l’impact financier de ce choix.

Impact fiscal : dépense courante vs capital pour une toiture de 20 000 $
Type de dépense Déduction année 1 Économie d’impôt immédiate (taux 40%) Impact sur cashflow
Dépense courante (réparation) 20 000 $ 8 000 $ Positif immédiat
Dépense en capital (remplacement) 800 $ (4%) 320 $ Étalé sur 25 ans

Documentation : la clé pour éviter un redressement fiscal

La documentation est votre meilleure alliée. Un propriétaire montréalais a pu justifier avec succès le classement de ses travaux de toiture en dépense courante, évitant un redressement fiscal de 15 000 $. Son secret ? Une préparation méticuleuse : il a conservé les factures détaillant la nature des réparations, des photos avant/après prouvant l’état de dégradation initial, un rapport d’inspecteur confirmant que les travaux ne constituaient pas une amélioration, et les échanges avec l’entrepreneur spécifiant qu’il s’agissait d’un entretien.

Revenus locatifs vs Taxes : quand l’hébergement touristique devient-il moins rentable que la location longue durée ?

Face à des coûts d’acquisition élevés, la tentation de l’hébergement touristique de type Airbnb pour maximiser les revenus est grande. Les tarifs à la nuitée semblent bien plus alléchants que le loyer mensuel traditionnel. Cependant, un calcul rigoureux révèle souvent une réalité différente. La location court terme est une entreprise, pas un investissement passif, et sa rentabilité est souvent surévaluée par les débutants.

D’abord, les revenus bruts sont trompeurs. Un taux d’occupation moyen de 70% est une bonne performance, mais il est loin des 100% espérés. Ensuite, les dépenses sont exponentielles : frais de ménage entre chaque location (150 $ et plus), usure accélérée du mobilier et des équipements (environ 20% de plus par an), assurances commerciales beaucoup plus chères (+40-60% par rapport à une police résidentielle). Surtout, au-delà de 30 000 $ de revenus annuels, vous devez vous inscrire aux fichiers de la TPS et de la TVQ et percevoir ces taxes, ce qui complique énormément la gestion et réduit votre marge nette.

Comparons. Actuellement, selon les données de Centris et Zipplex, le loyer moyen à Montréal pour un appartement se situe autour de 1 639 $ par mois. Cela représente un revenu annuel brut stable et prévisible de 19 668 $, avec une gestion minimale. Pour atteindre ce même revenu net avec Airbnb, vous devrez générer bien plus en brut pour couvrir tous les frais additionnels. Voici les étapes d’un calcul de rentabilité comparatif :

  • Calcul du revenu brut Airbnb : Taux d’occupation moyen (ex: 70%) × Tarif nuitier × 365 jours.
  • Soustraction des frais spécifiques : Coûts de ménage, frais de plateforme, usure, assurances, impact TPS/TVQ.
  • Comparaison avec la location longue durée : Loyer mensuel × 12 mois, moins une provision pour la vacance locative (généralement 1 mois de loyer par an).

Bien que la location touristique puisse être lucrative dans des cas très spécifiques (emplacement exceptionnel, gestion parfaite), la location longue durée offre une rentabilité ajustée au risque et à l’effort souvent bien supérieure pour un propriétaire occupant qui débute.

Enquête de crédit : quels sont les signes avant-coureurs d’un mauvais payeur à repérer absolument ?

Votre stratégie financière, aussi brillante soit-elle, s’effondre si vos locataires ne paient pas. La sélection des locataires est l’étape la plus critique de la gestion locative. Une enquête de prélocation rigoureuse n’est pas une option, c’est une assurance contre des mois de stress et de pertes financières. Vous devez devenir un détective financier, à la recherche de signaux d’alarme (les « red flags »).

Gros plan sur des mains analysant des documents financiers avec calculatrice

Le rapport de crédit est votre outil principal. Ne vous contentez pas du pointage. Cherchez les collections récurrentes, surtout auprès d’entreprises de services comme Bell ou Vidéotron. Un mauvais historique de paiement pour des services essentiels est un signe avant-coureur majeur. Analysez également le ratio dette/revenu du candidat et soyez attentif à une multiplication de demandes de crédit récentes, qui peut indiquer une détresse financière. Une autre vérification indispensable est la recherche au plumitif du Tribunal administratif du logement (TAL). Ce registre public vous permet de voir si un candidat a déjà eu des démêlés avec un précédent propriétaire.

Il est crucial de mener ce processus dans le respect de la loi. Le Tribunal administratif du logement est très clair sur les informations que vous pouvez demander. Comme il le stipule dans son guide officiel :

Le locateur a seulement besoin des noms, de l’adresse et de la date de naissance de l’aspirant locataire pour réaliser une enquête de crédit.

– Tribunal administratif du logement, Guide officiel du TAL sur la protection des renseignements personnels

Demander le numéro d’assurance sociale (NAS), des relevés bancaires ou une lettre d’emploi est non seulement inutile pour l’enquête de crédit, mais aussi illégal.

Votre plan d’action pour une vérification béton

  1. Obtenir le consentement : Toujours obtenir le consentement écrit du candidat locataire pour l’enquête de crédit.
  2. Collecter l’essentiel : Ne collecter que le nom, l’adresse actuelle et la date de naissance pour la vérification, conformément aux règles du TAL.
  3. Rechercher au plumitif : Effectuer une recherche au plumitif du TAL avec le nom et l’adresse actuelle du candidat pour vérifier son historique.
  4. Analyser le crédit : Repérer les collections récurrentes (Bell, Vidéotron, etc.) et les retards de paiements systématiques sur le rapport de crédit.
  5. Évaluer la situation globale : Analyser le ratio dette/revenu et le nombre de demandes de crédit récentes pour déceler une éventuelle instabilité financière.

L’erreur de bail que commettent les locataires étrangers et qui leur coûte leur dépôt de garantie

En tant que propriétaire à Montréal, vous interagirez inévitablement avec des locataires étrangers, notamment des étudiants ou de nouveaux arrivants. Ces derniers, habitués à des systèmes locatifs différents, sont souvent victimes de pratiques illégales de la part de propriétaires peu scrupuleux. En tant que coach et investisseur éthique, votre rôle est de connaître la loi pour vous protéger, mais aussi pour agir correctement.

L’erreur la plus commune concerne le dépôt de garantie. Au Québec, il est formellement illégal d’exiger un dépôt de garantie, une « caution » ou toute somme d’argent autre que le loyer. La seule somme que vous pouvez exiger d’avance est le premier mois de loyer, et ce, au moment de la signature du bail. Un locataire étranger qui paie un « dépôt de sécurité » de 500 $ le fait en violation de la loi, et il pourrait facilement récupérer cette somme en s’adressant au TAL. Le Tribunal administratif du logement est catégorique à ce sujet, se basant sur la loi.

L’article 1904 C.c.Q. interdit au locateur d’exiger une somme d’argent autre que le loyer, sous forme de dépôt ou autrement.

– Tribunal administratif du logement, Jurisprudence TAL – Décision sur les dépôts illégaux

De même, facturer les frais d’enquête de crédit au locataire est illégal. C’est une dépense d’exploitation qui incombe au propriétaire. Exiger ces frais constitue une infraction à la loi et vous expose à des amendes. Une autre confusion fréquente chez les nouveaux arrivants est la différence entre la cession de bail et la sous-location. Une cession libère totalement le locataire initial de ses obligations. Une sous-location, en revanche, le maintient responsable du paiement du loyer jusqu’à la fin du bail si le sous-locataire fait défaut. Comprendre et expliquer cette nuance est crucial lorsque vos locataires souhaitent quitter leur logement avant terme.

L’erreur d’acheter un Plex avec une fondation de moellons sans faire inspecter le drain français

Nous avons parlé de stratégie financière et de gestion locative. Parlons maintenant du risque physique qui peut anéantir votre investissement : l’état du bâtiment. À Montréal, de nombreux plex plus anciens sont construits sur des fondations de moellons (pierres des champs). Bien que charmantes, elles sont plus susceptibles aux infiltrations d’eau si le système de drainage est défaillant.

Vue macro détaillée d'une fondation en pierres des champs typique de Montréal

L’erreur fatale est de se fier à une inspection visuelle de base. Un sous-sol fraîchement repeint peut cacher des problèmes d’humidité chroniques. L’élément clé, invisible mais essentiel, est le drain français. Un drain bouché, effondré ou contaminé par l’ocre ferreuse (un problème notoire dans certains secteurs de Montréal) peut entraîner des infiltrations d’eau, de la moisissure et des réparations qui se chiffrent en dizaines de milliers de dollars. Un investissement qui semblait rentable peut rapidement devenir un gouffre financier.

La diligence raisonnable active est donc non-négociable. Voici la procédure à suivre impérativement lors de l’achat d’un immeuble ancien :

  1. Engager un expert : Faites appel à un inspecteur en bâtiment certifié, spécialisé dans les fondations anciennes. Son expertise vaut de l’or.
  2. Inspection par caméra : Exigez une inspection par caméra du drain français. C’est un coût additionnel (environ 300-500 $), mais c’est la seule façon de connaître son état réel.
  3. Vérifier l’ocre ferreuse : L’inspecteur doit spécifiquement rechercher la présence de cette bactérie, qui peut obstruer complètement un drain.
  4. Obtenir des devis : Si un problème est détecté, obtenez au moins deux devis détaillés de la part d’entrepreneurs spécialisés pour chiffrer les réparations.
  5. Négocier : Utilisez ces devis pour négocier le prix d’achat à la baisse ou pour faire mettre en place une retenue chez le notaire, qui servira à payer les travaux après l’acquisition.

Acheter un plex sans cette vérification, c’est comme jouer à la loterie avec votre mise de fonds. C’est un risque qu’aucun investisseur sérieux ne devrait prendre.

Les points essentiels à retenir

  • Le cashflow négatif n’est pas un échec, mais une stratégie fiscale et de capitalisation potentiellement très rentable.
  • La diligence raisonnable est non-négociable : une enquête de crédit rigoureuse et une inspection technique approfondie sont vos meilleures assurances.
  • La rentabilité d’un triplex se mesure sur le long terme en additionnant le remboursement du capital, l’appréciation de la valeur et les économies d’impôt.

Reprise de logement : quelles sont les règles strictes du TAL pour récupérer un appartement pour votre enfant ?

L’un des avantages à long terme d’être propriétaire d’un plex est la possibilité de reprendre un logement pour vous-même ou pour un membre de votre famille proche (enfant ou parent). C’est une stratégie patrimoniale puissante. Cependant, la reprise de logement est un droit très encadré par le Tribunal administratif du logement (TAL) pour protéger les locataires. Agir de manière impulsive ou sans respecter les règles à la lettre peut vous coûter très cher.

La première règle concerne les délais. Vous devez notifier votre locataire de votre intention de reprendre le logement au moins six mois avant la fin du bail pour un bail de plus de six mois. Cette notification doit être écrite et indiquer le nom du bénéficiaire et le lien de parenté. Ensuite, il y a l’indemnité : vous devez verser au locataire l’équivalent de trois mois de loyer plus les frais de déménagement raisonnables. Cette indemnité est due que le locataire accepte ou conteste la reprise.

Le point le plus surveillé par le TAL est la bonne foi de la reprise. Vous devez réellement avoir l’intention de loger la personne mentionnée dans l’avis. Le tribunal considère généralement qu’une occupation minimale de 12 mois par le bénéficiaire est une preuve de bonne foi. Si vous relouez l’appartement à un tiers quelques mois après la reprise, vous vous exposez à des poursuites pour reprise de mauvaise foi.

Jurisprudence du TAL : les conséquences d’une reprise de mauvaise foi

Les jugements du TAL sont publics. De nombreux cas montrent des propriétaires condamnés à de lourdes amendes pour avoir agi de mauvaise foi. Le tribunal n’hésite pas à accorder des dommages-intérêts punitifs importants si un locataire peut prouver que la reprise n’était qu’un prétexte pour se débarrasser de lui et relouer le logement plus cher. Ces condamnations peuvent dépasser les 10 000 $ et ruiner la réputation d’un investisseur.

Maintenant que vous êtes armé de cette vision mathématique et pragmatique, la prochaine étape logique est de commencer à analyser des propriétés réelles. Appliquez ces calculs, évaluez les risques techniques et bâtissez votre stratégie d’investissement sur des données solides, et non sur le mythe du « vivre gratuitement ».

Questions fréquentes sur comment acheter votre premier triplex à Montréal et vivre « gratuitement » grâce aux locataires ?

Quels sont les délais de notification pour une reprise de logement?

Les délais varient selon la durée du bail. Pour un bail de plus de six mois, la notification doit être envoyée au moins six mois avant la fin du bail. Pour les baux plus courts ou à durée indéterminée, ce délai est de un à deux mois.

Quelle indemnité dois-je verser au locataire lors d’une reprise?

Légalement, l’indemnité obligatoire équivaut à trois mois de loyer, en plus du remboursement des frais de déménagement raisonnables sur présentation de justificatifs.

Un propriétaire peut-il exiger un dépôt de garantie au Québec?

Non, c’est formellement illégal en vertu de l’article 1904 du Code civil du Québec. La seule somme pouvant être exigée d’avance est le premier mois de loyer, payable à la signature du bail.

Quelle est la différence entre cession de bail et sous-location?

La cession de bail transfère l’ensemble des droits et obligations du locataire initial au nouveau locataire, le libérant ainsi de toute responsabilité future. La sous-location, en revanche, maintient le locataire initial comme principal responsable du bail et du paiement du loyer jusqu’à son terme.

Rédigé par Patrick Lapointe, CPA auditeur et stratège financier dédié aux PME, aux travailleurs autonomes et aux investisseurs immobiliers. Il compte 15 ans d'expérience en fiscalité québécoise et en analyse de rentabilité locative.